Un autre vieux truc et, j'avoue, ce qui suit n'est pas la meilleure histoire qui ait jamais été écrite. Mais bien franchement, je la trouve rigolote! Et malheureusement, l'idée de départ est bel et bien un cas vécu. Quelle idée de relire ça, j'ai de nouveau un p'tit frisson dans le cuir chevelu! hahahahaha
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Une bête habite chez moi. J'aurais pu dire un insecte, ou même une bibitte, mais ces appellations n'ont pas le poids voulu. J'aurais aussi pu dire que j'hébergeais un monstre, mais je vous aurais probablement fait peur. Alors, je l'ai appelée bête. Car c'en est une.
La première fois qu'on s'est rencontrées, il faisait noir, je répondais à un coup de fil tardif et j'ai vu son ombre passer devant mes orteils. Figée d'horreur, j'ai tendu la main vers l'interupteur mais, comme toute bête qui se respecte, elle avait disparu.
J'ai suivi le chemin que j'avais cru la voir prendre, vers la cuisine, ai allumé le plafonnier et inspecté chaque latte de bois à la recherche de l'intruse, sans succès.
Elle avait disparu, puis son souvenir fit la même chose. Jusqu'à la semaine dernière.
Mon chat ne cessant de me réclamer à manger, je l'ai suivie à la cuisine pour remplir son plat de croquettes puantes. J'ai allumé la lumière et là, par terre, à un pied de moi, cette foutue bête nocturne me regardait.
Enfin... j'imagine qu'elle me regardait.
Une grosse bête comme je n'en avais jamais vues, d'un bleu électrique ponctué de rouge tomate. Un savant mélange d'araignée, de mille-pattes et de monstre de dessous de lit.
La surprise passée, le dégoût coincé dans la gorge, je me suis précipité sur une chaussure qui trainait, comme elles trainent toujours.
Pas si idiote, la bête s'est sauvée dans l'espace entre le plancher et le mur. C'est joli les vieux appartements, c'est chaleureux, mais c'est plein de trous et de craques où les bêtes peuvent se cacher.
J'ai très mal dormi.
Mes parents m'ont toujours dit "les petites bêtes ne mangent pas les grosses"... Pourtant, les nombreux trous neufs dans mes jambes auraient pu leur prouver le contraire. Mes souliers ne quittent plus mes pieds, où qu'ils aillent. La prochaine fois qu'elle osera se présenter à moi, je serais bien armée pour l'écraser d'un coup de talon.
Je ne l'ai plus revue, mais je sais qu'elle est là. Elle rôde, m'observe, elle sait que je l'attend de soulier ferme. Seuls mes petits morceaux de jambes qui disparaissent durant la nuit témoigne que la bête habite encore ici.
Probablement qu'un matin, en me réveillant, je n'aurai plus de pieds à mettre dans les chaussures. La bête se sera gavée de moi, ayant probablement invité sa famille à profiter du buffet vivant que je suis devenue.
Peut-être aussi qu'à ce moment-là, elle aura tellement mangé qu'elle ne pourra plus se faufiler dans les défauts de mon appartement. Elle vivra là, sous la table de cuisine, où je ne pourrai de toute façon plus aller sans mes jambes pour me déplacer.
Partirons ensuite mes bras, doigt par doigt, pour nourrir la bête de plus en plus vorace.
Quand il ne me restera plus que la tête, j'aurai expiré depuis longtemps. C'est une chance car je ne serai pas là pour la voir me gruger les joues, le nez, les lèvres et la langue, finissant par les yeux, bonbons fondants.
Ensuite sera bouffé le chat.
Puis, les voisins, probablement.
Je devrais peut-être appeller l'exterminateur maintenant...
Monday, September 3, 2007
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